The Craft : Sorcières de pacotille0 (0)
Que le rituel commence
The Craft est le remake par BlumHouse d’un film des années 90. A vocation militante, le film se sert de son engagement pour tenter de cacher un récit maladroit et dénué de magie qui part rapidement dans tous les sens.
The Craft ne cache pas son engagement : Personnages féminins opprimés issus de minorités et message surligné jusqu’à l’overdose, oui, le film de Zoe Lister-Jones est bel et bien un film militant et ancré dans son époque. Malheureusement, derrière cette belle façade, il n’y a hélas pas grand chose à sauver de ce naufrage hésitant, partant dans tous les sens pour un constat vain mais réellement opportuniste. Parce que le récit ne fait qu’explorer tout ce qu’il propose, de la magie à l’acceptation de soi et de ses différences en passant par la masculinité toxique, rien dans The Craft ne prend ainsi réellement, le tout se trouvant mélangé dans un résultat difforme et quelque peu irritant.

Parce qu’on ne demandait finalement qu’à aimer cette relecture moderne et définitivement féministe de ce qu’était déjà le Dangereuse alliance de 1996. On y trouve en plus avec plaisir le rare David Duchovny en beau-père toxique pour qui la masculinité est un véritable combat, s’opposant avec ferveur à la sensibilité de Michelle Monhagan et de l’affirmation de sa fille, interprétée par la talentueuse Cailee Spaeny. Parce que le film prend un soin tout particulier à parler du corps et des genres, il délaisse volontairement et grossièrement une magie qui ne sert que de toile de fond pour un final grotesque et ridicule, affirmant définitivement l’opportunisme de The Craft .
Parce que derrière un militantisme de façade, un message politique appuyé n’a jamais fait un bon film, comme ont su le montrer les très maladroits derniers films de Spike Lee. Si ce récit fantastique sur des femmes en avance sur leur temps ici retranscrites en adolescentes essayant de transmettre une modernité sexuelle était une véritable bonne idée sur la papier, pourquoi le surligner par une bande originale tapageuse et intrusive pour illustrer le fait que ses personnages soient cools et engagés si ce n’est pour jamais faire exister leur différence à l’écran ?

The Craft rejoint ainsi le raté Charlies Angel’s d’Elizabeth Banks qui au delà de son souhait d’un film véritablement féministe, avait oublié de faire exister ses personnages à l’écran et de livrer un long-métrage tout simplement réussi. Parce que faire état d’un engagement ne suffit malheureusement pas à en faire un film valable, ces deux-longs métrages sont les parfaites illustrations de ce que l’industrie hollywoodienne a su maladroitement s’accaparer de causes fortes à des fins réellement opportunistes. The Craft n’est qu’un remâchage tapageur de belles idées progressistes, tentative raté de cacher un film qui ne l’est pas moins, cachant son manque d’imagination et de scénario par un engagement surligné qui nuit fortement à l’ensemble.
Les sorcières de The Craft n’existent ainsi jamais à l’écran, effacées derrière un militantisme qui sert ici d’excuse pour un film raté et maladroit. Réellement grotesque et ennuyeux, le film, à l’instar de son message, ne se trouve jamais, dans une débâcle dénuée de magie et de sincérité.