Snatch : Diamant, crimes et beau casting0 (0)
Le vol de diamants peut nuire à la santé.
Pour son deuxième long-métrage, Guy Ritchie réhausse sa sauce d’Arnaques, crimes et botanique avec un casting prestigieux où le réalisateur offre enfin la victoire à ses inénarrables bras cassés. Puisque nombre des films de Guy Ritchie se trouvent disponibles sur Netflix, on revient sur la filmographie du réalisateur britannique.
Arnaques, crimes et botanique fut un succès. Ayant fait son buzz depuis plusieurs festivals, où il repartit auréolé de plusieurs prix et d’un succès public pour son petit budget, son premier film aura définitivement réussi à Guy Ritchie, qui fier de son coup retente ici sa chance en réhaussant la sauce de son premier long-métrage d’un script qu’il aura entièrement pensé dans la veine de ce dernier modeste coup d’éclat. Snatch reprend donc une partie de la distribution de son précdent film en y adjoignant les prestigieux noms de Benicio Del Toro et de Brad Pitt qui a même tenu à baisser son imposant cachet pour pouvoir apparaître dans un film de Guy Ritchie. On prend donc (quasiment) les même, et on recommence.

Revanche art
Si ses personnages d’Arnaques, crimes et botanique n’étaient que de jeunes hommes rêvant d’un coup pour s’envoler de leur morne quotidien en se frottant à la mafia, ceux de Snatch trempent déjà dedans à pieds joints et la confrontation se fera donc entre petits et gros bandits, d’un duel toujours aussi efficacement exécuté. Parce que Guy Ritchie connaît désormais son terrain, et qu’à l’inverse des personnages de son premier film son petit coup pour tutoyer les sommets du box-office a désormais fonctionné, il peut ici se permettre une variation toujours aussi modeste mais dont l’ambition se traduit par un déluge plus important d’hémoglobine et où l’objet de toutes les convoitises se voit troqué de beaux fusils de collection par un inestimable diamant. Le réalisateur greffe donc un duo d’amis, toujours campé par Jason Statham et le nouveau-venu irrésistible Stephen Graham qui verront leur petit monde de boxe clandestine et de machines à sous s’enrailler à la rencontre de Mickey, un indomptable gitan au poing mortel campé par un Brad Pitt au plaisir communicatif et un organisateur aussi charismatique que terrifiant.
L’atout charme de Snatch, comme celui d’Arnaques, crimes et botanique est la désespérance de petit bras cassés mis au pied du mur par plus forts qu’eux. Si le précédent film de Guy Ritchie leur réservait une leçon de modestie quelque peu paternaliste et vieux-jeu, Snatch leur offre une seconde chance faisant cependant une fois de plus vaincre l’honnêteté face à la cupidité. Le réalisateur se fait ici revanchard, et sa posture se traduit parfaitement sous les traits de Brad Pitt, lui l’enfant souffrant de dyslexie qui a toujours refusé d’intégrer les bancs d’écoles de cinéma en récusant que les films de leurs élèves étaient ennuyeux et bien trop polis à son goût. Après avoir braqué l’industrie avec le modeste budget de son premier long-métrage en étant venu de nulle part, Guy Ritchie refait donc le coup et tient à marquer de son empreinte son projet de tout ce qui l’a mené à faire du cinéma, et en rajoute donc une couche.

Guy Pittchie
Il y a donc dans Snatch l’envie d’en découdre avec une certaine élite et des traditions bien ancrées. Il suffit de voir avec quelle panache Brad Pitt met ses adversaires au tapis pour comprendre que Guy Ritchie usera de la même mécanique pour emmerder haut et fort une élite ne voyant dans ses films que de vulgaires pochades et lui reprochant ses excès de style outranciers. Jason Statham, acteur révélé par le réalisateur, devra même aller chercher dans la boue tout en protégeant ses superbes souliers pour tenter de faire revenir à la raison un cinéaste qui n’a ici qu’une seule envie : taper toujours aussi fort et avec ses mêmes indécrottables manières, en se montrant derrière son langage limité et incompréhensible, comme victorieux et ayant toujours un coup d’avance. Snatch, s’il ne dépasse ainsi pas où de peu son aîné, transforme simplement l’essai en une revanche des bras-cassés mis à l’amende par des manières et des codes qu’ils ne maîtrisaient pas.
Guy Ritchie, s’il ne fait donc en apparence que répéter le succès de son premier film, montre cependant clairement la prise de pouvoir d’un cinéaste qui s’entend crier haut et fort sa victoire et ses sales manières sur tous les toits. En proposant une relecture de son Arnaques, crimes et botanique, Guy Ritchie se fait plus introspectif et met en Brad Pitt son indéboulonnable success-story qu’il a dû faire résonner à coups de fulgurants poings tout en mettant de côté une certaine politesse. Snatch répond donc intelligemment à son premier long-métrage par sa victoire revancharde de personnages déjouant les codes établis et les bonnes manières pour tenter de se faire une place au soleil, même sous le ciel maussade londonnien.