Rien que pour vos yeux : Poudre aux yeux0 (0)
Rien ne peut arrêter James Bond.
Rien que pour vos yeux veut dénuer James Bond de ses gadgets pour revenir à ce qui fait le cœur du personnage. Réalisé par John Glen, monteur sur plusieurs autres films de la saga, ce 12ème opus s’avère malheureusement très creux.
Rien que pour vos yeux voit l’arrivée de John Glen à la réalisation. Assistant réalisateur et monteur de plusieurs opus, ce dernier affiche la volonté claire de revenir à une mise en scène plus sobre du personnage après les excès de Moonraker, en débutant le film par Bond sur la tombe de sa femme après être mis face à un ersatz de sa némésis la plus emblématique, Blofield et son organisation SPECTRE qui ne se trouvent pas clairement explicités pour des questions de droits. Dépouillant James Bond de ses gadgets pour nous en dire plus sur l’homme, Rien que pour vos yeux se lance pourtant dans une démonstration très creuse.

Pourtant plein de bonne volonté, Rien que pour vos yeux, dans sa tentative de dépouillement, en oublie de mettre en place une réelle menace pour filmer un Bond en vacances, tour à tour père de substitution et champion de ski dans une interminable poursuite, solution parmi d’autres semblant masquer le trou béant laissé dans l’intrigue de ce douzième opus. Parce que Rien que pour vos yeux tourne rapidement à vide. Dans des enjeux flous très mal explicités, cette vision de Bond moins dosée en action mais centrée sur l’homme derrière l’agent n’a finalement peu de choses à nous en dire.
Rien ne se passe jamais à l’écran tant les longueurs de ces scènes d’action sans explosion ni gadgets semblent inutilement étirées pour tenter de faire éclater une tension qui jamais ne jaillit. Rien que pour vos yeux adjoint ainsi à l’agent deux jeunes femmes en manque de figure paternelle, ce qui confère à la relation avec la James-Bond Girl frenchie Carole Bouquet un sentiment de malaise. Sur fond d’une intrigue brouillonne d’un système top-secret de lancement de missiles dérobé d’abord porté par un premier antagoniste, une fois de plus trafiquant de drogues, ici dénué de charisme et de dialogues, le récit passe par d’inutiles allers-retours finalement attendus pour nous mener vers un final plat qui se contente de bêtement copier le gimmick des précédents opus dont il essayait de se différencier.

En faisant de James Bond une fausse figure de raison et un essai raté de nous en dire réellement plus sur le personnage, Rien que pour vos yeux se double ainsi d’un divertissement très plat, chiche en scènes d’action et en tension, mettant en exergue sa course-poursuite en 2CV comme un choix délibéré de dénuer l’agent de ses gadgets. Faisant ainsi le choix d’une économie de moyens pour un déballage aussi creux tant sur ses personnages que sur le plan du divertissement, ce douzième ne nous met finalement que de la poudre aux yeux pour tenter de masquer le vide de son entreprise.
Il est d’autant plus frustrant que trouver Bond enfin réellement confronté à son passé était un début prometteur après les excentricités montées au summum de Moonraker. Cependant, ce dernier assurait le spectacle et était doté d’une réelle menace, et aussi grossière soit-elle, elle permettait au film d’être un divertissement réussi, à l’instar de ce Rien que pour vos yeux qui fait de sa volonté d’en faire moins une excuse pour un film fainéant. De la poudre aux yeux.