Octopussy : Tentacool0 (0)
Personne ne le fait mieux.
Octopussy, premier opus à porter le nom d’un personnage féminin, voit Roger Moore renfiler le costume de James Bond à 55 ans, pour la seconde fois réalisé par John Glen. Pour une mission sympathique mais dénuée de grandeur.
Octopussy sort la même année que le remake d’Opération Tonnerre, rebaptisé Jamais plus jamais, mettant une nouvelle fois en scène Sean Connery dans le rôle de James Bond. Si les producteurs de la saga ont tenté de changer le visage du célèbre agent, Roger Moore reprend néanmoins à 55 ans et pour la sixième fois le rôle de l’agent 007 faisant face à face à Sean Connery dans ce duel d’hommes cinquantenaires renfilant une fois de plus (et de trop ?) l’incontournable smoking. Octopussy, comme Rien que pour vos yeux souffre de la mise en scène trop modeste de John Glen qui livre ici un film sympathique mais manquant cruellement de folie.

Parce qu’à l’instar de Rien que pour vos yeux, Octopussy voit Bond retrouver ses incontournables gadgets dès une introduction aérienne sans accrocs. Et c’est bien là le problème de ce treizième opus qui s’échigne à remplir son contrat de la plus honnête des manières sans jamais ne retrouver ni la fulgurance ni la couleur des trois précédents opus réalisés par Guy Hamilton. Bond met ainsi la main, après le meurtre de l’agent double 009, sur un trafic de bijoux entre un dirigeant russe et un trafiquant qui le mèneront directement à Octopussy, femme puissante qui a fait de ses activités de contrebandes un véritable harem en Inde pour femmes libres et indépendantes.
Si Octopussy se sert des clichés indiens avec humour, passant avec efficacité de la jungle (usant même du mythique cri de Tarzan emprunté à la MGM) au monde du cirque, ce n’est jamais avec de véritables étincelles. Parce que pour une fois, la James Bond Girl est une femme puissante, véritable cœur de l’intrigue liée au passé de James Bond qui devra compter sur sa protection pour mener à bien sa mission. Au milieu de ce paradis d’émancipation féminin, le film n’en fait malheureusement rien d’autre qu’un décor interchangeable, d’une énième nuit d’amour à une fusillade déjà vue.

Parce que vient ne viendra enrayer la mécanique trop bien huilée d’Octopussy. De la mort d’un second couteau très attachant à l’utilisation en dehors de ses bureaux de l’incontournable Q, même de malfamés tueurs indiens dont un se trouve équipé d’un yoyo scie-circulaire, Octopussy n’en fait rien que des étapes à passer pour nous mener vers un final circassien où même James Bond en clown peinera à faire remonter la sauce.
Divertissement malheureusement sans accrocs, Octopussy n’est finalement qu’une mission bien trop sage. Reprenant la sécheresse de mise en scène qui avait fait beaucoup de tort à son Rien que pour vos yeux, John Glen paraît ici comme un technicien générique n’obéissant qu’à un cahier des charges trop bien établi. Malgré ses séduisantes tentacules, Octopussy ne paraît ainsi que comme un poisson d’eau douce sympathique plutôt que comme ce poulpe aux nombreux bras.