Moonraker : 007ème Ciel0 (0)
Désormais l'espace appartient à 007
Moonraker poursuit le filon établi par le fulgurant succès de Star Wars : Après la blaxploitation et les arts-martiaux, James Bond ira donc dans l’espace. Tout en ajoutant un autre antagoniste mégalo à son tableau de chasse.
Moonraker aurait dû laisser place à Rien que pour vos yeux, titre annoncé dès le générique final de L’espion qui m’aimait. Le succès de Star Wars aura cependant repoussé la sortie ce dernier pour emmener Bond dans l’espace. Adapté du roman Entourloupe dans l’azimut de Ian Fleming, le film est comme L’espion qui m’aimait écrit par le romancier Christopher Wood et au-delà de l’opportunisme de l’entreprise, Moonraker affiche toutefois une certaine continuité logique en épousant les desseins d’une myriade d’antagonistes de plus en plus mégalos, dont celui de ce dixième opus, incarné par le français Michael Lonsdale qui se rêve ni plus ni moins qu’en Dieu.

Parce qu’après les plutôt modestes trafiquants de pavot du très moyen Vivre et laisser mourir, de L’Homme au pistolet d’or qui malgré la superbe incarnation de Christopher Lee n’était qu’un double maléfique de James Bond, L’espion qui m’aimait, en plus de mettre en scène le monstrueux Requin qui fait ici son grand retour, mettait en scène un génie du mal qui rêvait de détruire le monde. Des desseins encore plus immenses attendant donc Bond qui affrontera ici Drax, rêvant d’éradiquer la race humaine pour la recoloniser lui-même depuis l’espace en ayant pris le soin de mettre au bord de sa station spatiale des êtres de race supérieure.
Dans un premier temps, Moonraker suit ainsi de près la charte très réussie qu’avait du adopter le précédent opus que mettait déjà en scène Lewis Gilbert, toujours à la barre. La James-Bond Girl est ainsi une fois de plus une espionne avec qui l’agent double occupe les mêmes objectifs, la mission alternant les pays et des décors toujours aussi majestueux avec cette fois-ci un goût pour la surenchère et un condensé en accéléré des précédents épisodes. L’incontournable poursuite navale se finit ainsi en pleine rue, où Bond fera tourner les têtes, orientant un peu plus le film vers la comédie, comme le choix d’une histoire d’amour invraisemblable qui fera définitivement pencher le cœur du monstrueux Requin, ici sidekick comique dont les affrontements tendent ici plus vers le cartoonesque.

Parce que si Moonraker vise la surenchère en convoquant tout ce que les Bond de Moore ont fait de mieux, c’est ici pour faire peser la balance du mauvais côté dans un déluge de déjà vu certes plus impressionnant mais qui s’égare dans un final spatial brouillon et un brin longuet. Comme si Lewis Gilbert avait poussé les curseurs pourtant très bien placés du précédent opus, ce onzième opus en fait trop et à force de vouloir se voir trop grand, finit par lasser. Il y avait pourtant dès le début de très belles choses, qui malgré le faste des décors menaient dans leur simplicité une belle tension nous présentant un antagoniste froid et tout-puissant, dans une scène de poursuite canine en forêt, belle et désespérée, qui n’avait nul besoin d’un final spatial grandiloquent pour forcer le trait.
Ainsi, malgré son projet certes opportuniste mais étonnamment logique qui suivait les gigantesques desseins de l’antagoniste mégalo du précédent opus, Moonraker tente de reproduire la formule magique en forçant le trait, s’encombrant d’un final spatial passablement raté. Laissant de côté le charme pour une surenchère parfois outrancière qui verse dans le comique avec un goût plus que prononcé, ce onzième opus s’apprécie comme un banquet trop copieux que l’on quitterait le ventre trop plein. Prêt à éclater.