9 Mois Ferme : Baby Boom0 (0)
9 Mois Ferme perpétue la tradition lancée par Le Vilain d’un affrontement haut en couleurs entre deux figures contraires où Albert Dupontel incarne l’essence de son cinéma face à une impériale Sandrine Kiberlain.
9 Mois Ferme n’est pas la suite officielle de son Vilain, et pourtant Albert Dupontel en reprend le schéma narratif ainsi que les personnages diamétralement opposés. Dans une forme qui fait ici, et une fois de plus, office de huis clos théâtral, le réalisateur recentre en effet son intrigue sur le duel entre deux personnages que tout oppose unis par le fil maternel. Ainsi, si dans son précédent long-métrage Albert Dupontel se contentait de rejouer en un personnage l’essence de son cinéma de personnages laissés pour compte laissant à Catherine Frot la part belle, le cinéaste en fait de même avec Sandrine Kiberlain dont sa prestation la mènera tout droit vers le César de la Meilleure Actrice.

Enfermés dedans
9 Mois Ferme poursuit donc avec la profonde tendresse et l’humanité du Vilain. Comme si Albert Dupontel semblait adapter la grammaire si particulière de son cinéma en le menant ici dans un geste d’ouverture le rendant à la fois plus accessible et plus sensible, l’affrontement entre ces deux personnages se trouve ainsi resserré sur leurs blessures intimes et non pas sur des artifices de sale gosse dont le cinéaste est pourtant coutumier. Comme si son personnage de cinéma s’était adouci, sa bêtise se fait ici plus poétique et plus touchante face au numéro d’une femme enfermée dans son métier qui découvre ici une autre fenêtre sur le monde et sur elle-même.
Ainsi, si Albert Dupontel perpétuera son truculent humour noir par de plus petites touches, notamment au cours d’une scène, très réussie de reconstitution de meurtre, 9 Mois Ferme prendra cependant la délicatesse de donner plus d’ampleur à son personnage principal, juge que campe une Sandrine Kiberlain passant par une impressionnante palette d’émotions propre au cinéma de son auteur. Par la simple et belle métaphore du prisonnier qui redonne sa liberté à une femme écrasée par le poids de son travail, Albert Dupontel offre ainsi à son actrice un écrin sur mesure pour son immense talent. Autour de la galerie haute en couleurs de personnages du cinéma du réalisateur, des incontournables Nicolas Marié, Philippe Uchan, Bouli Lanners et Philippe Duquesne la route semble pavée d’or pour une Sandrine Kiberlain impériale.

Pour souligner son propos, Albert Dupontel a donc mûri son cinéma et passe dorénavant par le talent de grandes actrices enfermées dans de superbes rôles pour mieux nous narrer la reprise en main d’une vie écrasée pour des retrouvailles avec la liberté et l’enfance aussi touchantes qu’attachantes. Dénué de son univers noir et de ses décors désolés, le cinéma d’Albert Dupontel reprend des couleurs et un goût pour l’humain dans toute sa sensibilité et sa fragilité. Sur une voie entamée par le déchaîné Enfermés dehors, le cinéaste continue ainsi de nous dépeindre une réconciliation entre gens d’en haut et d’en bas qui une fois sortis de leurs cellules sociales peuvent dialoguer et se rencontrer pour des récits moins énervés misant cette fois-ci sur l’humain dans sa belle fragilité.
Plus sensible, plus fragile et plus aimable, le cinéma d’Albert Dupontel se mue définitivement avec 9 Mois Ferme en comédie touchante sur des âmes tristes enfermées dans leurs cellules sociales. De leur liberté jaillira alors une rencontre haute en couleurs mais beaucoup plus touchante et centrée sur l’interprétation d’une fabuleuse actrice qui donne au film et au cinéma d’Albert Dupontel des allures plus sensibles. Sorte de suite à son déjà tendre Le Vilain, le cinéaste semble s’être adouci pour se recentrer sur les cœurs de ses personnages dans un récit fidèle à ses précédentes œuvres toujours teintées de lutte sociale. Du sale gosse énervé au tendre voyou.